Faire connaître l’histoire des communautés autochtones
Annie O’Bomsawin-Bégin, professeure de philosophie, et Mélissa Major, professeure de français, toutes deux responsables de l’élaboration et de la mise en œuvre du plan d’action de sécurisation culturelle autochtone pour les trois campus du Cégep de Saint-Jérôme, sont d’avis que d’épauler la formation des pédagogues est un premier pas pour bâtir une relation de confiance avec les Autochtones, dans un esprit de réconciliation.
Elles sont plus d’une quinzaine de personnes du corps professoral à prendre part à ces échanges tous les lundis depuis janvier 2024. De nombreuses thématiques ont été abordées pendant ces rencontres, entre autres, des récits autochtones, des documentaires, les nations autochtones au Québec, la terminologie liée aux termes généraux pour désigner les Autochtones, l’histoire de la colonisation au Canada, la Loi sur les Indiens, les préjugés et stéréotypes liés aux Autochtones, les faits concernant les femmes et filles autochtones disparues et assassinées au Canada, Idle No More, la roue de médecine et le féminisme autochtone.
Un peu partout dans le réseau collégial et universitaire au Québec, le corps professoral rencontre les mêmes défis, mais il y a de plus en plus d’outils à notre disposition pour avancer de manière significative », explique Annie O’Bomsawin-Bégin. Le Cégep de Saint-Jérôme a d’ailleurs contribué à un nouvel outil visant la valorisation et l’inclusion des perspectives autochtones dans l’enseignement supérieur, outil gratuit et disponible en ligne depuis le 29 mai*.
Visite à Kina8at
Mardi dernier, c’est plus d’une trentaine d’intervenantes des Laurentides ainsi que des professeures de plusieurs programmes, des conseillères en communications ou du cheminement scolaire et de la matériatèque, auquel s’est joint un petit groupe du Collège de Lionel-Groulx et du Cégep de l’Outaouais, qui se sont réunis au Centre culturel autochtone Kina8at, un organisme situé à Mont-Tremblant, afin d’en apprendre davantage sur les savoirs et des conceptions du monde autochtones.
Accueilli dans une salle rustique sans eau ni électricité en plein cœur de la forêt, le groupe a rencontré trois personnes de cœur qui participent à l’éducation citoyenne en offrant des ateliers, des formations, des cours de langue, des stages, des séjours et des activités d’immersion.
Éliane Kistabich, porteuse de savoir de la communauté Anishinabe de Pikogan et chargée de cours à l’UQAT, a partagé ses connaissances de l’art, de l’histoire et des cultures autochtones. Le bâton de la parole, un puissant outil de communication utilisé pour favoriser un temps lent, le respect et l’écoute active, a permis à toutes et tous de s’exprimer librement et de vivre une expérience immersive inoubliable. En après-midi, un atelier artistique de fabrication d’un bâton de la parole a été proposé à l’équipe. « La culture matérielle est un incontournable chez les Autochtones et travailler de ses mains en sachant que le bâton qu’on fabrique va façonner notre manière d’entrer en relation avec les autres si on décide de l’utiliser est un exercice profond », explique Annie O’Bomsawin-Bégin, d’origine Abénaquise. Le travail de collaboration autant entre institutions qu’avec les organismes locaux sont des facteurs aidant à l’implantation d’un plan de sécurisation autochtone.
C’est en participant à la transmission de savoirs traditionnels qu’on établit de vrais ponts et des partenariats respectueux avec les communautés et les organismes. Je suis émue de constater la grande participation à cette activité. Vous m’auriez dit que je vivrais ceci avec mes collègues voilà à peine quelques années que je ne l’aurais pas cru », exprime Annie O’Bomsawin-Bégin.