Vendredi 8 décembre, 11 h. Comme chaque semaine, des dizaines de personnes affluent dans la salle commune du sous-sol de l’église pour avoir accès au service de soupe populaire. Ce qu’elles ignorent, c’est qu’aujourd’hui, elles dégusteront un repas gastronomique 4 services concocté par les étudiants de Gestion d’un établissement de restauration du Cégep de Saint-Jérôme.
Cette surprise a été orchestrée par Guillaume Sparks-Beaulé, qui enseigne le cours Cuisine du monde, tendances et traditions au Cégep de Saint-Jérôme, en collaboration avec l’organisme La Soupe de la cathédrale qui dessert une clientèle démunie, itinérante ou aux prises avec des troubles de santé mentale.
Lors de cette activité – qui constitue l’évaluation finale des étudiants – les apprentis cuistots ont assuré la gestion et la préparation d’un festin pour 60 convives. Au menu : acras de morue et de maquereau, samoussas végétariens, crème de légumes, parmentier de Noël et gâteau opéra mangue-café.
« C’est une action locale qui vise autant la lutte à la pauvreté que l’éducation alimentaire », explique M. Sparks-Beaulé.
« On est vraiment dans une approche de récupération et de réutilisation. Ç’a été au cœur de nos enseignements tout au long de la session. On a eu la visite de conférenciers et on a regardé des documentaires en lien avec le sujet. On travaille aussi avec des [aliments] invendus ou des surplus de commandes, etc. », précise l’enseignant.
Par cette initiative, il souhaite non seulement éduquer les gens du grand public quant à l’ampleur du gaspillage alimentaire et aux moyens de le contrer, mais surtout sensibiliser les cuisiniers et gestionnaires du milieu de la restauration sur leur « pouvoir local ».
« Si on prend exemple sur le repas qu’on a servi aujourd’hui, le coût est à peu près nul. Il n’y a que la main-d’œuvre à payer. Les restaurateurs pourraient donc facilement décider de faire quelque chose avec leurs restes pour redonner à la communauté».
« Ce qu’on a fait aujourd’hui, c’est de « l’apprentissage par l’engagement ». On consolide les compétences par le biais d’une action sociale. Si on leur avait fait faire des boîtes à lunch, l’apprentissage se serait terminé là. Dans ce cas-ci, ils ont un contact humain avec les gens. Ça donne lieu à des échanges, ça va plus loin », fait valoir M. Sparks-Beaulé.
Redonner à la communauté
En effet, tous les plats ont été préparés selon les principes d’antigastillage alimentaire, dans une perspective de développement durable. À titre d’exemple, la soupe a été faite à partir de pelures et reste d’aliments récupérés, de sorte que rien ne soit perdu.
D’ailleurs, cette approche « donnez au suivant » s’inscrit parfaitement avec la mission éducative du Collège.
« Le Cégep est un acteur régional qui doit contribuer au développement et au rayonnement de son milieu.
« Quand je suis allé à la Soupe de la cathédrale pour la première fois, j’ai constaté l’état de la situation. Je ne savais pas trop quoi faire avec ça, mais je voulais m’engager. [Quand j’ai proposé l’idée], certains étudiants étaient réticents face à ce projet, mais ils ont embarqué. Au final, les bénéficiaires sont tellement reconnaissants. Ils ont l’impression qu’on s’occupe d’eux [et non qu’on leur fait la charité] », mentionne l’organisateur de l’événement.
Si on se fie au nombre de remerciements que les usagers ont offerts aux jeunes étudiants, on peut dire mission accomplie!
Ce qu’ils en ont dit …
« J’ai vraiment apprécié mon expérience. En restauration, on sert parfois des clients fortunés et on n’a pas de merci. Aujourd’hui, toute la reconnaissance que nous avons eue: Wow! C’est super! »
– Laurie Pilon, étudiante
« C’est vraiment gratifiant! On voit qu’ils ont apprécié. »
– Emmanuelle Fernandez, étudiante
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