Si pour plusieurs, la cyberviolence qui sévit sur les réseaux sociaux peut sembler banale, elle est tout sauf anodine pour ceux et celles qui en sont victimes. Parlez-en à Guylaine Maroist, l’une des réalisatrices derrière le documentaire choc Je vous salue salope – la misogynie au temps du numérique, qui présente des témoignages de femmes – et d’un homme ! – qui ont particulièrement été touchés par cette insidieuse problématique. Elle était de passage au Cégep de Saint-Jérôme à l’occasion de sa 5e Semaine de prévention des violences à caractère sexuel, afin de répondre aux questions de la communauté collégiale en marge du visionnement de son film.
Un film percutant et surtout, nécessaire!
Quelque 140 personnes issues de la communauté étudiante ou membres du personnel ont pris part à cette activité présentée simultanément dans les trois campus du Cégep de Saint-Jérôme. Au terme du visionnement, les réactions de la foule ne se sont pas fait attendre. Plusieurs ont souligné d’emblée la pertinence du propos du film, qui présente crûment le dur traitement réservé (principalement) aux femmes sur les réseaux sociaux. Cette prise de conscience collective de la misogynie ambiante qui sévit sur le Web a donné lieu à une causerie particulièrement stimulante.
« Merci d’avoir regardé ce film. Merci d’avoir pris le temps, alors que vous avez sûrement un horaire très chargé. Je sais, ce n’est pas une partie de plaisir, mais vous avez fait le choix de visionner ce film-là et déjà ça, c’est un engagement [à lutter contre ce type de violence] », a mentionné Mme Maroist, d’entrée de jeu.
Au coeur des échanges, la genèse du projet, les spécificités de la violence dirigée vers les femmes (virulence exacerbée des attaques visant l’intégrité de la personne), l’état de la législation au Québec, les actions militantes à venir – une pétition circule présentement tandis que Mme Maroist sera à Ottawa lundi prochain, en compagnie de sa collègue Léa Clermont-Dion, pour faire des représentations auprès du gouvernement–, les recours et les ressources disponibles pour les victimes ainsi que le rôle crucial que peuvent (et doivent!) jouer les personnes alliées, notamment les hommes.
« Il y a quelques années, mon petit frère m’a demandé : pourquoi a-t-on encore besoin du féminisme? Et moi, je suis tannée de lui répéter mon discours et de lui présenter les études sur la rémunération qui n’est toujours pas équitable à ce jour. Aujourd’hui, vous m’avez donné les outils pour lui répondre. Pour ça, merci. On a l’impression qu’on avance, mais quand on voit ce film, on constate qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire. Je vais lui dire de le regarder », a fait valoir l’une des participantes.
Finalement, quand on questionne Mme Maroist à savoir si – à la lueur de tout ce qu’elle a vu et entendu – elle a peur pour la suite des choses, elle se fait porteuse d’espoir. Elle mentionne d’ailleurs que de plus en plus de gens, incluant des représentants de la gent masculine, se sentent concernés par la situation.
Quand on a annoncé qu’on allait travailler sur ce film, on a reçu des menaces Léa et moi. Mais à force de rencontrer des personnes tellement courageuses, comme Kiah Morris, je n’ai plus peur. Je sais qu’il y a un combat à mener et je suis prête à le faire. Je suis encouragée quand je vois des gens prêts à se battre pour la démocratie et le droit des femmes.
– Guylaine Maroist, coréalisatrice du documentaire
Un message particulièrement fort, alors qu’on s’apprête à souligner la Journée internationale des droits des femmes dans moins d’une semaine.
Le CSTJ, toujours aussi mobilisé
Depuis des années, le CSTJ est une figure de proue en matière de lutte aux violences à caractère sexuel. En effet, il a été un des premiers collèges à adopter sa Politique institutionnelle visant à prévenir les violences à caractère sexuel, en 2018, a fait de la création d’une communauté bienveillante, sécuritaire et ouverte l’une des aspirations phares de son Plan stratégique et a déployé une importante campagne de sensibilisation, en 2021. Depuis maintenant cinq ans, il organise annuellement sa propre semaine de prévention qui propose, à l’ensemble de la communauté collégiale, une foule d’activités portant sur des thématiques diverses.
Cette semaine de prévention prend tout son sens quand on constate ce qui se passe dans l’actualité. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que notre société soit plus égalitaire, plus respectueuse, plus ouverte et surtout, plus juste. À titre de maison d’enseignement supérieur, nous avons un rôle important à jouer. Chaque jour, nous nous efforçons d’incarner cet idéal par les valeurs que nous prônons, les décisions que nous prenons et les actions que nous posons. Former les citoyens et citoyennes d’aujourd’hui et de demain est non seulement un honneur, mais une responsabilité que nous prenons très au sérieux!
– Nadine Le Gal, directrice générale du Cégep de Saint-Jérôme
Cette activité a été rendue possible grâce au soutien financier de la Fondation du Cégep de Saint-Jérôme. Mentionnons que le documentaire est disponible à la bibliothèque du Collège. Pour le visionner, on communique avec son équipe par courriel (biblio@cstj.qc.ca) ou par MIO.
Dans les médias :
Prévention des violences à caractère sexuel au Cégep de Saint-Jérôme – TVBL (à partir de 24 min 18)