Une occasion en or de changer les choses
Plusieurs perles se cachent dans les murs du Cégep de Saint-Jérôme. En effet, de nombreux membres de la communauté collégiale choisissent de pousser leur passion pour la recherche et le développement, et ce, dans différents domaines.
Récemment, Édith de la Sablonnière, enseignante en psychologie au Cégep de Saint-Jérôme, a terminé son projet de recherche qui avait débuté en 2020. Portant sur la traite de personnes, il s’agissait d’une première recherche sur le sujet menée ici dans les Laurentides.
Ce sujet peu connu animait cette chercheuse depuis des années. Avant d’entreprendre sa carrière en tant qu’enseignante au collégial, elle avait cumulé plus de 15 années d’expérience en tant qu’intervenante auprès des femmes et enfants victimes de violence conjugale, entre autres. Également, elle a coordonné pendant quelques années, un laboratoire de recherche à l’Université qui portait sur les enfants exposés à la violence conjugale et sur la maltraitance.
La victimologie des femmes a toujours suscité son intérêt. C’est pourquoi, lorsque Le Phare des AffranchiEs a approché le Collège pour discuter de ce projet de recherche elle a répondu favorablement à l’appel, et ce, sans aucune hésitation. Elle a saisi cette formidable occasion de pousser la réflexion encore plus loin dans ce dossier méconnu et de sensibiliser du même souffle les citoyens et citoyennes ainsi que les instances à ce phénomène bien présent dans la province et sur la scène internationale.
L’union fait la force
Les travaux ont rassemblé les savoirs de deux acteurs majeurs, soit le Service de recherche du Cégep de Saint-Jérôme et une équipe multidisciplinaire, composée notamment de Roxanna Staiculescu, conseillère pédagogique et de Marie-Josée Morin, professeure de psychologie, ainsi que nombreux membres de la communauté étudiante et membres du Phare des AffranchiEs. Ce partenariat a fait renaître les recherches dans le domaine des sciences humaines ici au Collège.
En mettant leurs efforts en commun, ces partenaires avaient comme objectif de mieux comprendre, décrire et expliquer les réalités des victimes ou survivantes de la traite de personnes en s’appuyant sur leurs points de vue, mais aussi sur celui des travailleuses et travailleurs interrogés. Le projet visait également à cerner les principaux facteurs de victimisation. Cette vision intégrée des trajectoires et de l’expérience vécue par les victimes a permis de mieux documenter ce phénomène social très peu décrit en région. En effet, la majeure partie de l’information disponible sur le sujet concerne les grands centres urbains. Il s’agit d’une avancée remarquable pour les Laurentides qui nous permet de grandir en tant que société!
Phénomène courant, mais peu connu
Les travaux de cette recherche ont notamment permis de recenser un bon nombre de victimes dans la grande région des Laurentides. En effet, l’équipe a identifié 315 victimes et 80 autres personnes potentiellement victimes de traite de personnes. Nous avons tendance à croire que ce phénomène est peu présent ici au Québec, encore moins dans les Laurentides, toutefois, ces travaux témoignent du contraire.
Agir pour le bien de la collectivité : mission accomplie !
Rappelons que ce projet de recherche a permis, dans un premier temps, d’interroger 185 personnes susceptibles d’intervenir auprès des victimes dans le cadre de leurs fonctions. Cette première étape avait comme objectif de mieux documenter le phénomène ici dans les Laurentides et de se pencher également sur les services offerts aux victimes. Bon nombre de travailleurs et de travailleuses questionnés se sentaient peu outillés pour intervenir auprès de cette population.
À la suite de cette collecte d’information, l’équipe a voulu approfondir ses connaissances sur le sujet afin de mieux comprendre la dynamique de l’exploitation, les différents facteurs de vulnérabilité et saisir la façon dont les victimes ont pu se retrouver dans de telles situations. Bref, dresser un portait plus complet de ce phénomène social.
Au total, 12 entrevues ont été réalisées avec des femmes survivantes à l’exploitation, et ce, malgré la pandémie qui sévissait à ce moment.
Les stéréotypes à l’œuvre jouent souvent en défaveur des victimes puisqu’elles ne s’aperçoivent pas qu’elles sont la cible de cette forme de maltraitance. Les témoignages émouvants et riches en informations des 12 participantes ont permis d’étoffer les travaux de cette recherche. Leur volonté d’aider à leur tour, leur force insoupçonnée et leur courage ont été de grandes sources d’inspiration.
Toutes ces démarches ont été possibles grâce à la subvention octroyée par le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec dans le cadre du Programme d’aide à la recherche et du transfert – volet Innovation sociale (PART-IS), le tout bonifié par la contribution du Collège.
Malgré le fait que les travaux de cette recherche soient terminés, le mandat de l’organisme du Phare des AffranchiEs se poursuit. L’équipe étayera un solide argumentaire qui pourra être présenté à différentes instances.
Le Collège est fier de contribuer à améliorer le sort de sa population grâce à ces travaux de recherche et souhaite souligner la contribution exceptionnelle d’Édith de la Sablonnière, à titre d’enseignante et de chercheuse.
À propos de la recherche au Cégep de Saint-Jérôme
La recherche hors des centres collégiaux de transfert de technologie du Cégep de Saint-Jérôme se démarque par sa forte présence et son caractère innovateur. Sa solide expérience dans le domaine n’est plus à démontrer.
Treize projets de recherche sont en cours au Collège. Quelque 14 membres du personnel enseignant et professionnel des trois campus et de nombreux stagiaires y participent.
À propos du Phare des Affranchies
Créé en 2015, le Phare des Affranchies est un organisme à but non lucratif des Laurentides qui œuvre à la conscientisation des gouvernements, des organismes et du public à la réalité de la traite des personnes afin qu’elle soit reconnue et que la lutte pour la contrer soit bien organisée et efficace. Il offre des programmes de sensibilisation, de prévention et d’intervention directe aux victimes et aux proches.