Subir une commotion cérébrale, c’est recevoir un coup à la tête – ou à toute autre partie du corps qui transmet l’impact à la tête! – dont la force équivaut au choc provoqué par une voiture qui frappe un mur de briques à une vitesse de 60 à 80 km/h![1] Ouch! Au Canada, on estime que 64 % des jeunes de moins de 18 ans sont victimes d’au moins une commotion cérébrale. Ce type de blessure est particulièrement courant chez les joueurs de hockey, de football et de soccer, où la proportion de jeunes touchés peut atteindre 50 %.[2] Face à ces statistiques alarmantes, le Cégep de Saint-Jérôme (CSTJ) a décidé d’agir en adoptant un guide de gestion des commotions cérébrales.
Au cours des dernières années, la question des commotions cérébrales a fait couler beaucoup d’encre. La sortie du documentaire Commotions et les nombreux témoignages d’athlètes professionnels qui en ont subi ont permis de mettre en lumière les terribles conséquences de tels traumatismes crâniens. Maux de tête, nausée, étourdissements, problèmes de mémoire et de concentration, etc. : la liste est longue!
Conscient des impacts que ces symptômes peuvent avoir sur l’état de santé, la qualité de vie et la réussite scolaire de ses étudiants-athlètes des Cheminots, le CSTJ a pris les choses en main : il s’est doté d’un guide de gestion des commotions cérébrales, qui inclut un protocole d’intervention « Complete Concussion Management », administré par les professionnels certifiés de la clinique Action Sport Physio de Saint-Jérôme.
« Par ce document, le CSTJ réaffirme son engagement envers ses étudiants-athlètes, en mettant en place des mécanismes pour assurer leur sécurité et leur bien-être dans la pratique de leur sport, tout en favorisant la réussite de leurs études », soutient Patricia Tremblay, directrice adjointe aux études au CSTJ.
« Le CSTJ possédait déjà un protocole de gestion des commotions cérébrales. Toutefois, avec ce guide, on vient officialiser notre démarche et on va plus loin. À titre d’exemple, notre ancien protocole ne tenait compte que d’un seul indicateur. Celui-là, qui a été élaboré par des professionnels de la santé, en prend 9 en considération! La reprise des activités est désormais conditionnelle à la réussite de certains tests cliniques bien précis. De cette façon, on est donc plus à même de détecter les commotions – qui rappelons-le, sont des blessures invisibles parfois difficiles à diagnostiquer – et on y porte une attention plus particulière », explique Richard Campeau, coordonnateur du Service d’animation sportive au Collège.
Le guide en bref
Plus qu’un simple protocole médical, le Guide de gestion des commotions cérébrales dans le cadre des activités des équipes sportives propose un accompagnement pédagogique et des mesures d’accommodement pour permettre à l’étudiant ayant subi une commotion cérébrale de se concentrer sur sa convalescence, sans devoir se préoccuper des cours manqués et de la matière à rattraper.
Le guide prévoit notamment :
- Un test de base en début d’année pour évaluer la condition de tous les étudiants-athlètes, à leur état normal.
- Une intervention et une évaluation rapides, au moindre impact laissant croire qu’un étudiant-athlète aurait pu subir une commotion cérébrale.
- Un protocole médical rigoureux où chacune des 13 étapes est détaillée. C’est le physiothérapeute qui détermine si l’étudiant peut passer à la suivante. Ce protocole prévoit notamment un retrait immédiat du jeu, une période de repos complet (aucun téléphone, écran, musique, travail ou études), une reprise graduelle des activités et des tests d’évaluation (Buffalo test et Chicago test).
- Un suivi serré pour s’assurer que le protocole est bien respecté par l’étudiant-athlète.
- Un processus de communication entre les intervenants (entraîneurs sportifs, enseignants, aide pédagogique individuelle, professionnels des ressources d’aide, etc.) pour éviter que l’étudiant ne soit bombardé de messages de tous bords, tous côtés. Le coordonnateur du Service d’animation sportive agit à titre de relais entre interlocuteurs et il est le seul à pouvoir communiquer avec le jeune.
- La possibilité, advenant une absence prolongée justifiée, d’obtenir la mention « incomplet » au bulletin.
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« Avec ce nouveau protocole, c’est le physiothérapeute qui détermine quand l’étudiant-athlète est prêt à revenir au jeu ou à reprendre ses études. Ce n’est pas l’entraîneur ni l’enseignant. Cette décision n’est pas influencée par les matchs ou les examens importants à venir. Elle tient vraiment compte de l’état du jeune. De plus, il y a des balises claires pour guider les interventions de l’entraîneur, des enseignants et autres professionnels, afin que l’étudiant ne ressente aucun stress supplémentaire inutilement. Il peut donc se concentrer exclusivement sur son rétablissement. On prend vraiment soin de nos athlètes », fait valoir M. Campeau.
Implantée depuis août dernier, cette nouvelle façon de faire a été bien accueillie par les différents groupes d’employés du Collège.
« Oui, cela demande parfois des ajustements, mais on a une belle collaboration de tous les intervenants », se réjouit-il.
[1] Selon le Rapport du groupe de travail sur les commotions cérébrales qui surviennent dans le cadre de la pratique d’activités récréatives et sportives du gouvernement du Québec, publié en mars 2015.
[2] Selon le document Commotions cérébrales dans le sport, publié sur le portail du gouvernement du Canada.