Le mardi 4 avril, 9 h. Le temps est froid et pluvieux à Saint-Jérôme. Une trentaine d’étudiants du cours de francisation de la Formation continue – Services aux entreprises et International du Cégep de Saint-Jérôme (CSTJ) – principalement originaires de la Syrie, du Congo, du Burundi et du Rwanda – marchent à la queue-leu-leu, le long de la rue du Palais, pour se rendre à l’aréna Melançon. Dans les rangs, la fébrilité est palpable. Le cours d’aujourd’hui ne portera pas sur le vocabulaire et la grammaire, mais visera plutôt à leur faire découvrir la culture de leur société d’accueil. En effet, les étudiants en Techniques d’intervention en loisir (TIL) du CSTJ leur ont préparé une série d’activités à saveur québécoise, afin qu’ils puissent goûter à cette nouvelle vie qui les attend.
Les étudiants du groupe de francisation de la Formation continue – Services aux entreprises et International du CSTJ, lors de leur arrivée à l’aréna Melançon. Une fois la glace brisée, la gêne s’est vite dissipée. (Crédit : Club photo CSTJ)
À l’intérieur, la chaleur de l’accueil contraste clairement avec le froid et la grisaille du printemps qui tarde à se pointer. À peine arrivés, les invités sont accueillis par les étudiants en TIL qui les dirigent vers la salle principale, où se tiendra l’activité.
« C’est un projet qui est né avec la gang de TIL. C’est fait à la bonne franquette, comme on dit ici. L’objectif de ce matin, c’est d’avoir du plaisir et de créer des rencontres », mentionne d’entrée de jeu, François Hurtubise, enseignant en TIL au Cégep de Saint-Jérôme et instigateur du projet, lors d’un bref mot de bienvenue.
Stéphane Maher, maire de Saint-Jérôme, François Hurtubise, enseignant en Techniques d’intervention de loisir, et Monique Laprise, directrice adjointe aux études. (Crédit : Club photo CSTJ)
« C’est avec fierté qu’on salue cette initiative de vous accueillir de manière ludique. Cette activité à caractère familial et à saveur toute québécoise nous permet de rassembler des gens de différentes origines dans un contexte de plaisir. Ceci est tout à fait en lien avec les valeurs d’accueil et d’ouverture du Collège, partagées avec nos partenaires de la communauté jérômienne », renchérit Monique Laprise, directrice adjointe aux études du CSTJ, visiblement émue.
« Ce qui fait qu’une ville est extraordinaire, ce sont les gens [qui l’habitent]. L’apport de nos communautés culturelles est formidable. Merci d’avoir choisi Saint-Jérôme. On vous tend les bras. Ensemble, nous serons tous plus forts, plus grands et plus intelligents », ajoute Stéphane Maher, maire de la Ville de Saint-Jérôme, qui fait partie des 13 municipalités québécoises désignées pour accueillir des réfugiés syriens.
Tire sur la neige, hockey et Paul Piché
Un coin camping a été aménagé pour chanter des chansons du répertoire québécois… et swahéli! (Crédit : Club photo CSTJ)
Et c’est sans plus de flafla et de cérémonie que le coup d’envoi des festivités a été donné. Au total, six « stations » ont été aménagées pour initier les nouveaux arrivants à des activités prisées des Québécois : un coin camping pour chanter des chansons au bord du feu (on a eu droit au répertoire complet de Paul Piché, des Cowboys fringants et de mes Aïeux!), un espace « cabane à sucre » où l’on peut déguster de la tire d’érable, une zone de bricolage, une piste de danse en ligne (avec pour trame sonore, les plus grands succès de Pag !), un coin hockey et une zone de ringuette.
Répartis en six équipes, les nouveaux arrivants se déplacent d’une station à l’autre pour prendre part aux différents ateliers. Une fois la glace brisée, la gêne cède rapidement la place au plaisir, donnant lieu à des petits moments de magie.
On n’a qu’à penser à Maher qui, heureux d’apprendre qu’il portait le même nom que le maire, a demandé à l’édile de prendre un selfie avec lui. Ou encore, à Ahmad, qui, au terme d’une leçon de danse en ligne, a montré quelques pas de danse syrienne aux étudiants de TIL. Sans oublier les harmonies improvisées en swahéli de Suavis, une jeune burundaise, et de ses amies congolaises et rwandaises.
Bref, des rencontres impromptues qui prouvent que la barrière de la langue peut facilement être surmontée.
Apprentissages partagés
Plus qu’une simple activité ludique, cet événement se voulait un projet pédagogique tant pour les étudiants en TIL que ceux du cours de francisation.
« Je voulais mettre mes étudiants en action. Par le passé, on était beaucoup dans la théorie. Or, c’est quand on crée et qu’on a un contact humain qu’on apprend le plus. Dans ce cas-ci, on a choisi des activités qui pourraient « parler » à nos invités et répondre à leurs besoins. On s’est dit que des activités familiales peu coûteuses qui peuvent facilement être reproduites à la maison pourraient être sympathiques, car les nouveaux arrivants ont souvent des familles nombreuses. On a aussi opté pour une programmation à saveur québécoise pour les aider à s’intégrer à leur communauté d’accueil. Le but est vraiment de créer des rencontres : il y a des mains qui se serrent et des regards qui se croisent », explique M. Hurtubise.
« Cette activité permet aux nouveaux arrivants de découvrir les traditions d’ici. Qu’est-ce qu’on aime au Québec? Le hockey, la cabane à sucre et les soirées au bord du feu! Or, la prochaine fois qu’ils vont entendre parler de hockey ou de cabane à sucre, ils vont pouvoir faire des liens, car ils auront cette référence culturelle. Le simple fait de sortir des murs de l’école crée une certaine magie. Ils ont du plaisir et parce qu’ils ont du fun , ils apprennent et s’intègrent sans le savoir », fait valoir Jean-Pierre Hellebaut, animateur en francisation au Cégep de Saint-Jérôme.
Leçon de danse en ligne pour les nouveaux arrivants, avec Dominique Desjardins-Labelle et ses collègues de TIL. (Crédit : Club photo CSTJ)
Si on se fie au sourire sur le visage des participants, mais aussi des étudiants en TIL, on peut dire mission accomplie.
Et les jeunes, qu’en ont-ils pensé?
« Avec ce genre d’activités, ma formation devient beaucoup plus concrète. Je dois m’adapter en fonction des clientèles. Par exemple, aujourd’hui, on s’adresse à des gens en processus de francisation. Ça va donc influencer la manière dont je donne des consignes et comment je vais interagir avec eux », fait valoir, Dominique Desjardins-Labelle, étudiant en TIL au CSTJ.
Bref, tous sont unanimes : l’événement a été un franc succès!